Pierre Barthelemy Kaulek, une vie entre deux continents

Les origines

Pierre Barthelemy Kaulek est né le 8 mars 1812 rue Française à Paris dans l’appartement de ses parents Jean Kaulek, artisan serrurier dans le quartier de Montorgueil et Marie Victoire Sabatier, femme aux foyers.

Il est le dernier enfant d’une famille de 6 enfants. Il porte le prénom de son Parrain Pierre Barthelemy Henriette (Marchand de levure et fabricant de bière rue Montorgueil à Paris) . Son baptême à lieu quelques jours après sa naissance dans l’église Saint-Eustache.

Sa jeunesse n’a pas laissé de traces dans les archives. Si les parents de Pierre Barthelemy ont suivi les us de l’époque, il a certainement reçu jusqu’à l’âge de 13 ans une éducation publique (Loi du 26 Février 1816 qui impose aux collectivités de donner une éducation publique au enfants de moins de 13 ans), puis à partir de 13 ans, il est certainement devenu un apprentis en serrurerie dans l’atelier de son père dans le quartier de Montorgeuil.

Le départ vers l’Algérie

Vers 1832, Il s’engagent dans l’armée pour un service actif de six ans. La conquête de l’Algérie nécessite des envois régulier de nouveaux effectifs sur le sol Algérien (Environ 17000 par an). Vers 1833, il intègre le 3ème Bataillon des chasseurs d’Afrique à Bône (Annaba). De 1833 à 1836, son bataillon prend des villes tel que Bône, Guelma et Constantine. Suite à la prise de cette dernière, le 3ème RCA y installe sa garnison en 1837.

L’acclimatement des troupes dans la région demeura un souci constant. Les soldats français souffraient terriblement des marches épuisantes sous le soleil, du manque d’eau, des fièvres. Leurs exigences en nourriture étaient difficiles à satisfaire dans un pays accoutumé à une alimentation frugale.

Le tournant de sa vie

Suite à de nombreux incidents, Pierre Barthelemy fut considéré comme un militaire « Incorrigible » et fut condamné à une peine en ateliers du boulet. Il ne supporta la vie monotone qu’on lui imposa et il décida de déserter en franchissant les lignes de l’avant poste, pour se mettre aux services d’une tribu Kabyle les Béni Ider.

Ce sont ces compétences dans le travail du métal qui lui sauva la vie et lui valut de ne pas être exécuté sur le champs. Tant qu’il ne sut pas leur langue, on le considéra comme un suspect, il fut gardé à vue et exposé même parfois à d’assez mauvais traitements. Mais ce noviciat ne dura guère que six mois; il put alors comprendre et être compris ; il avait d’ailleurs revêtu les habits de la tribu. Son intelligence et son éducation lui assura une grande supériorité d’élocution, Il finit par devenir le conseillé de sa tribu et le protégé du sheihk.

© Edmund Wodick

Le 1er janvier 1839, il y a déjà trois ans que Pierre Barthelemy jouissait d’un crédit considérable quand la nouvelle d’un naufrage attira sur la côte tous les habitants du dechra (Village), où il avait élu domicile. C’était le brick de commerce, l’Indépendant, qui venait d’échouer entre Djidjelli et l’embouchure de l’Oued Djendjen. Ce brick transportait d’Alger à Bône du blés pour l’intendance militaire.  À la vue des matelots français et en entendant parler sa langue natale, Pierre Barthelemy sentit se réveiller en lui son âme française. En pareil cas, l’usage des tribus kabyles est de massacrer l’équipage, de piller le navire, d’emporter tout ce qui peut s’emporter, et de brûler le reste. Mais Pierre Barthelemy élevant la voix, parvint à prouver à ses compatriotes d’adoption qu’ils avaient tous intérêt à ménager les Français et à les remettre sains et saufs aux autorités françaises qui les récompenserait de leur humanité.

Des pourparlers eurent lieu entre les Français et la tribu Kabyle de l’Ouled Ben yousef. Les négociations furent facilités par l’intervention du Cherif Moulaï Chekfa, chef des Beni Ider et la famille Bourboune. Une fois le montant de la rançon négocié. Pierre Barthelemy escorta les neufs matelots et le capitaine Brun. Arabe avec les Arabes, Français avec les Français, il les remit au général Galbois, gouverneur de la province de Constantine, qui le renvoya porter une récompense au sheikh ; après quoi il revint se constituer prisonnier.

Le 13 mai 1839, l’épisode du Brick et la remise de la rançon convainc les français de lancer une campagne d’ampleur sur Djidjelli afin de soumettre les tribus de la région.

En Juillet 1839, le 2ème conseil de guerre d’Alger placa Pierre Barthelemy sous le poids d’une condamnation à mort pour désertion à l’ennemi. Pierre Barthelemy avec intelligence mise en avant l’avantage que pourrait tirer les autorités françaises de sa connaissance des tribus Kabyles du cercle de Jijel. Les circonstances qui ont motivé son retour sur le territoire occupé par les troupes françaises, et sa proposition intéressèrent l’autorité militaire. Sa condamnation fut annulé par clémence royale. 

Il réintégra son ancien régiment en tant que charger de mission et aida à cartographier la région de Jijel.

La situation ayant évolué favorablement pour les Français, Pierre Barthelemy joua un rôle prépondérant dans les négociations afin que sa tribu puisse accepter sans déshonneur la loi du vainqueur.

La Conversion à l’Islam

Vers 1841, il souhaita pendre pour femme une jeune fille du Douar Boutenache : Fatma Rabah. Pour se marier la loi Corannique lui imposa de se convertir à l’Islam. Il prit le nom d’Osman.

« Dans un village voisin, il y avait un cadi musulman qui avait une fille qu’Osman avait demandée en mariage. Mais le sheikh refusa pendant deux ans de lui donner sa fille. Mais un jour, Osman alors âgé de 19 ans qui voyageait avec son père fit un rêve. Dans son rêve, il voit un croissant sortir de la poitrine de la jeune fille et rentrer dans son corps. Il voit un énorme platane sortir de sa poitrine et couvrir tout le ciel : son ombre s’étend sur la terre et les gens. En retournant dans son village, il demanda au sheikh de lui expliquer son rêve. Il l’interpréta comme un message divin lui enjoignant de donner sa fille en mariage à Osman : la foi musulmane en sortirait triomphante »

« Le Poème D’Osman » XIIIème Siècle

Le 4 août 1855 il régularisa sa situation familiale auprès de l’autorité française. Durant ce mariage civil, il déclara 3 enfants Rabah né en 1843, Messaouda née en 1851 et Khedidja née en 1854. Il eut après son mariage deux autres enfants Omar Louis et Amar Barthelemy.

La fin de son histoire

Pierre Barthelemy occupa le reste de sa vie dans l’agriculture et l’elevage, disposant de nombreuses terres sur la Daïra de Chekfa. Il cultivait Orge, blé, des Olives. Il disposait de nombreux arbres fruitiers et produisait du miel.

Il mourrut veuf de Fatma Rabah, à Chekfa le 30 octobre 1869.

Laisser un commentaire